Les décrochages boursiers en France :
une étude exclusive de KPMG

La gravité de la crise économique et financière a engendré une crise de confiance réciproque entre les actionnaires et les entreprises.

Dans certains cas, une perte de confiance peut être brutale et se manifester par un décrochage important et durable du cours de bourse. KPMG a analysé la fréquence, la durée et les raisons de ces mouvements dans une étude parue aujourd'hui sur le risque actionnarial et présentée par les Echos (téléchargeable).

Sur un échantillon de 348 sociétés françaises cotées de l’indice du CAC All Tradable*, près de 1827 chutes de cours de plus de 20% par rapport à l’indice sur une période de vingt jours de bourse ont été observées durant les cinq dernières années. 86,5% des entreprises cotées ont connu au moins un décrochage boursier de cette ampleur et 51,7% ont été affectées au moins quatre fois.

Plus l’entreprise est petite en termes de capitalisation boursière, plus elle est susceptible de connaître de tels mouvements brutaux, mais les grandes entreprises ne sont pas épargnées : 64,4% des 87 entreprises les plus importantes du CAC All Tradable (25% de l’échantillon) ont connu une chute de leurs cours de 20% durant ces cinq années.

Sur la même période, 493 chutes de plus de 30% ont été enregistrées, affectant presque une entreprise sur deux (48,6%). Le graphique suivant montre le pourcentage de sociétés ayant subi au moins un et au moins deux décrochages de 30% par rapport à l'indice durant la période d'observation.

Le premier bâton représente l'échantillon total. Les quatre suivants représentent les quartiles de l'échantillon classés par capitalisation décroissante.

Les secteurs de la technologie et des biens de consommation sont les plus sujets à ces décrochages brutaux. L’importance du capital immatériel dans ces secteurs, la fréquence et la rapidité des ruptures technologiques peuvent expliquer cette vulnérabilité.

Si on observe les causes apparentes des décrochages de plus de 30% qui ont affecté les trois quarts des plus grandes entreprises du panel (soit 207 chutes observées), 52% sont imputables à la perception d’une altération de la trajectoire stratégique (croissance plus faible que prévue, rupture technologique, réduction des marges ou gestion déficiente du portefeuille d’activité), 32% à des décisions financières anxiogènes qui peuvent cacher des faiblesses stratégiques et 16% à des dysfonctionnements dans l’exécution stratégique ou la gouvernance. L’importance respective de ces causes est variable selon le secteur d’activité.

Les chutes se concentrent sur les trois derniers mois de l’année pour la majorité des entreprises françaises. Durant cette période, les informations sur les performances annuelles de l’entreprise commencent à être connues ou anticipées et les gérants de portefeuille procèdent aux premiers arbitrages de fin d’année.

Ce phénomène de perte de confiance s’avère durable puisqu’il faut en moyenne près de 9 mois pour retrouver le niveau de l’indice après une chute de 20% et près de 11 mois pour les décrochages de 30%. La longueur de ce rétablissement favorise l’apparition d’autres phénomènes négatifs qui s’ajoutent et auto-entretiennent le décrochage : par exemple, la distraction managériale ou la dégradation du climat social hypothèquent la reprise et augmentent le risque financier.

L'article des Echos titre "le décrochage boursier : un écueil inévitable". Certes, le risque actionnarial est fréquent. Mais les entreprises peuvent l'éviter. De discussions approfondies avec des investisseurs, il ressort que la cohérence des signaux, c’est-à-dire des discours et des comportements, est essentielle au maintien de la confiance. Les investisseurs valorisent davantage la trajectoire stratégique que les résultats immédiats. La grande leçon est que les entreprises ne doivent pas se laisser intoxiquer par la tyrannie du court terme. La volatilité d'un cours est inévitable, mais l’entreprise peut favoriser son alignement avec sa valeur à long terme en adoptant une démarche structurée de création de valeur et en communiquant davantage sur sa stratégie et son business model.

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